PETITE PLUME

De mon exil,
Je dépeints les mots, en secret.
Ils voyagent pour moi.
Ils se faufilent,
Entre des barreaux dont, je sais,
La clé est en moi.

Quand la nuit me gagne,
A n’attendre plus rien.
Je voudrais tant hurler ce silence en moi.

Sur mon île,
Les jours se fondent, et demain
Ne me ressemble pas
On me mutile,
Et dans cette ronde, mes mains
Ne croisent que l’effroi.

Au fond de ce bagne,
Mon cœur reste un oiseau.
Je voudrais tant hurler, mais le silence est loi

Dans cette brume, je ne suis qu’une plume,
Mais le vent, pour m’être chaud,
Me souffle ces mots.

Si je suis docile,
Un matin, la cage s’ouvrira.
Je mets du plomb sur mes ailes.
En un battement de cil,
Je laisserai le pire derrière moi,
Dans une échappée si belle

Car il n’est de montagne
Qui ne se gravisse, un jour.
Je pourrai y hurler que le silence est froid.

Sans amertume, moi, petite plume,
Je partirai, droit, sous le vent,
Retrouver les sourires d’avant.

Loin de cette brume, d’un trait de plume,
Je m’en irai, moi, goéland,
Ferai mes adieux à ce néant.
Quel pas de géant !

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